Rare incendie à quai, un chalutier n'y résiste pas

En cette fin d’an­née 2021 aux Sables d’Olonne, un chalu­tier de 25 mètres a brûlé. Appuyés par dix sauve­teurs et le « SNS 002 », de nombreux pompiers et leurs moyens venus de trois dépar­te­ments ont été néces­saires pour éteindre l’in­cen­die. Autre souci : préve­nir le risque de pollu­tion posé par les quarante tonnes de fuel en soute. Seize heures d’in­ter­ven­tion pour terras­ser le pire ennemi qui soit sur l’eau : le feu.

L’équipage de la SNSM et les pompiers entrain d'éteindre un incendie de chalutier
Éteindre l’incendie : une vaste mission pour l’équipage du SNS 002 Canotier Jacques Joly (à droite) et les pompiers, positionnés derrière le chalutier © CODIS 85

« Ce type de sinistre est rare au mouillage au port  », commente Chris­tophe Monne­reau, président de la station SNSM des Sables d’Olonne. On aurait pensé que quelques pompiers en vien­draient vite à bout. D’au­tant qu’un chalu­tier de cette taille (24,95 mètres) est censé dispo­ser d’un circuit anti-incen­die au gaz. Comman­dés par le lieu­te­nant-colo­nel Lefèvre, appuyés par cinquante-huit engins venus des centres de secours de Vendée, Loire-Atlan­tique et du Maine-et-Loire, cent vingt-quatre soldats du feu ont bataillé de 18 h 30 le 28 décembre 2021 jusqu’au lende­main midi. Premier objec­tif : empê­cher le feu de se propa­ger à d’autres bateaux, au port, à la ville. Avec un vent du nord de force 4, la menace existe. Second objec­tif : venir à bout des flammes. Elles rongent la pein­ture du chalu­tier et se nour­rissent de toutes ses graisses. Troi­sième objec­tif : préve­nir un risque majeur de pollu­tion. Les soutes du navire retiennent quarante tonnes de fuel. Avec la montée en tempé­ra­ture de la coque, il peut entrer en combus­tion, ou, pire encore, la coque céder, les hydro­car­bures pouvant se répandre et polluer le bassin. Les pompiers doivent en même temps éteindre le feu avec de la neige carbo­nique, refroi­dir la coque en acier avec de l’eau et la cein­tu­rer d’un barrage flot­tant. Pour cela, il faut dépla­cer le chalu­tier : amarré au pied des silos, il est diffi­cile d’ac­cès. Les hommes de la société Atlan­tique Scaphandre s’y emploient. Depuis la grande échelle, les pompiers s’at­taquent aux flammes qui bondissent vers le ciel par les hublots explo­sés du chalu­tier Les Barges.

Une belle coor­di­na­tion avec les pompiers

Dans la nuit, le fracas d’une énorme défla­gra­tion résonne dans toute la ville. « C’est l’ex­plo­sion d’une bonbonne d’oxy­gène restée dans le bateau », expliquent les pompiers. L’un d’eux est légè­re­ment blessé. Il est 22 heures passées. Le flux est là qui permet d’ou­vrir l’écluse du bassin afin que le SNS 002 vienne en renfort des pompiers sur le bord qu’ils ne peuvent atteindre, celui face au bassin.

La découverte du chalutier calciné à la lumière du jour
La décou­verte du chalu­tier calciné à la lumière du jour © CODIS 85

« Pompier profes­sion­nel à La Roche-sur-Yon, explique Chris­tophe, j’ai très tôt offert notre assis­tance, tant aux collègues sablais qu’au CROSS Étel. Notre canot est équipé de deux lances. La coor­di­na­tion avec les pompiers était simple. Eux d’un côté, à terre, nous de l’autre.  » Quand l’équi­page SNSM a embarqué, il ne savait pas que l’in­ter­ven­tion dure­rait plus de seize heures. Maîtrisé vers 6 heures le lende­main, le feu ne sera déclaré éteint que vers midi. Pour l’ar­ma­teur et le patron du chalu­tier commencent exper­tises et contre-exper­tises : causes du sinistre, état du bateau, fiabi­lité de sa coque, coût des travaux de restau­ra­tion ou décons­truc­tion… En atten­dant les réponses, six familles de marins sont privées de leur gagne-pain. Le chalu­tier entame une longue quaran­taine.

Nos sauve­teurs sont formés et entraî­nés pour effec­tuer ce type d’in­ter­ven­tion. Grâce à votre soutien, vous les aidez à être présents la prochaine fois !

Article rédigé par Patrick Moreau et Bernard Thomas, diffusé dans le maga­zine Sauve­tage n°159 (1er trimestre 2022)


Équi­page engagé

Canot tous temps SNS 002 Cano­tier Jacques Joly

Président : Chris­tophe Monne­reau

Patron : Romain Picaud

Patrons suppléants : Anto­nio Baud, Jérôme Monne­reau

Méca­ni­cien : Thierry Gibo­teau

Équi­piers : François Berger, Patrick Berteaux, David Bouyer, Reuben Chai­gneau, Franck Tratieux